Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, un collectif de professionnels de santé alerte sur les dangers de la surexposition aux écrans pour les bébés et les jeunes enfants.
"Nous, professionnels de la santé et de la petite enfance, souhaitons alerter l’opinion publique des graves effets d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans : smartphone, tablette, ordinateur, console, télévision", indiquent les auteurs de la tribune publiée ce 31 mai dans le journal Le Monde. "Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs", poursuivent-il.
Les professionnels du collectif font clairement la comparaison des symptômes observés chez ces enfants avec les troubles du spectre autistique : absence total de langage à 4 ans, troubles de l’attention, troubles relationnels, stéréotypies gestuelles, intolérance marquée à la frustration. "L’enfant est en contact permanent avec les écrans : de façon directe ou indirecte, quand un écran est allumé dans la pièce où l’enfant se trouve, ou lorsque le parent regarde son portable mais ne regarde plus son enfant."
Manque de stimulation
Pour les médecins, un bébé ne peut se développer normalement sans stimulation des parents. "Il ne peut accéder à une conscience de soi et développer un langage humain de communication et d’échange avec l’adulte." Dès que l’écran est retiré, une amélioration est observée au niveau de l’attention, du langage et du comportement.
"Aujourd’hui, ces enfants sont adressés systématiquement pour un bilan hospitalier puis pour une prise en charge multidisciplinaire et entrent dans le champ du handicap", poursuivent-ils. Or, selon eux, la première intention de tout professionnel de l’enfance devrait être de poser la question de l’exposition aux écrans. Ce problème doit être un enjeu de santé publique. L’expérience des professionnels de santé montre que ce phénomène concerne tous les enfants quel que soit le milieu social dont ils sont issus et leur origine.
Les professionnels du collectif demandent donc au gouvernement que des campagnes nationales, issues des observations et des recommandations des professionnels du terrain - sans conflit d’intérêts - soient menées en France et diffusées dans tous les lieux de la petite enfance. Ils souhaitent aussi que des recherches indépendantes soient engagées par des professionnels du terrain, en coopération avec des chercheurs, dans tous les lieux publics de consultation de la petite enfance.